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| Thématique | Réaliser un projet collectif |
| Catégorie | Relations avec les autres (fratrie) |
Votre fils joue aux chevaliers avec deux autres garçons quand une petite fille se présente et demande à avoir une épée pour jouer avec eux. Ils refusent en disant qu'il y a juste les garçons qui peuvent être chevaliers mais ils lui proposent de faire une princesse. Déçue, elle tente en vain de les convaincre puis elle vient vers vous pour obtenir de l'aide.
Réalité des enfants
Pourquoi les jeunes enfants peuvent-ils parfois adopter des conduites sexistes ?
On pourrait croire qu'à 4 ans, les enfants sont bien trop jeunes pour avoir des préjugés sexistes. Malheureusement, les préjugés peuvent s'installer dès que l'enfant comprend que c'est différent d'être un garçon ou une fille et qu'il peut associer à chacun des sexes certains comportements ou attitudes.
Le premier type de différences garçon-fille que l'enfant découvre concerne bien sûr les aspects physiques. Au-delà des simples différences anatomiques (ex. : une petite fille a une vulve, un garçon, un pénis), l'enfant découvre que les petites filles se font des lulus, portent des robes ou mettent du rouge à lèvres et que les petits garçons ne doivent pas se comporter ainsi. De la même façon, il découvre que les petits garçons font pipi debout et portent des costumes de bain qui ne cachent pas leur torse mais que les petites filles ne doivent pas adopter ces façons de faire. À travers ces premières observations, l'enfant découvre certaines normes sociales qui lui permettent d'être reconnu comme petit garçon ou petite fille. Ce dont il n'est pas encore conscient, c'est que ces normes varient d'une culture à une autre (ex. : les hommes africains portent des robes). Une telle différenciation, dans chacune des cultures, est tout à fait saine et contribue à l'identification sexuelle de l'enfant.
Il en est autrement quand la différenciation devient trop restrictive et que l'enfant développe une image stéréotypée des filles et des garçons. Cela peut se produire par une simple généralisation que fait l'enfant à partir de ses observations (ex. : il n'a vu que des hommes conduire des camions alors il déduit que ce ne sont que les hommes qui peuvent faire une telle chose) ou encore en étant au contact d'adultes qui véhiculent ces stéréotypes (ex. : "Papa a dit qu'un garçon ça ne joue pas avec une poupée. Maman dit qu'une fille ça ne joue pas au football"). Et puisque l'enfant à cet âge apprend beaucoup par imitation, sans disposer des compétences nécessaires pour juger du bien-fondé de toutes les informations qu'on lui fournit, il imite sans trop sélectionner.
À cet âge, l'enfant a aussi tendance à avoir une vision des choses qui est peu nuancée. Que des choses soient "classées" exclusivement pour fille ou pour garçon convient tout à fait à sa façon spontanée de voir les choses. On pourra alors voir les enfants de cet âge énoncer avec beaucoup de conviction que "C'est juste les filles qui peuvent... les garçons qui...". Certains pourront également limiter l'accès à certains jeux pour les filles (ex. : jeux de chevaliers, de guerre, d'avions) ou juger négativement les garçons qui iront vers certains jeux jugés plus féminins (ex. : poupées, fabrication de bracelets de perles).
Cette pression sociale qu'exerce le groupe d'enfants pour que chacun adopte les conduites attendues de garçon ou de fille peut être mal vécue par les enfants qui se sentent "hors normes". Contraints dans ce qu'ils désirent devenir comme garçon ou fille, ces derniers tentent de trouver une façon de s'adapter. Certains arrivent à le faire en cachant ou en niant leurs goûts (ex. : se priver de jouer à...). D'autres s'objecteront ouvertement (ex. : "Moi, j'ai bien le droit de...") ou modifieront leur conduite pour être accepté (ex. : un petit garçon décide de se faire des lulus seulement chez lui après que les autres aient ri de lui à la garderie). Chose certaine, l'enfant a besoin de sentir qu'il existe plusieurs façons d'être garçon ou fille pour qu'il puisse se sentir libre de devenir le garçon ou la fille qu'il désire être.
Conseils aux parents
Comment pouvez-vous aider votre enfant à adopter des conduites non sexistes ?
Soyez un modèle adéquat. Adoptez une attitude respectueuse face aux gens en faisant attention aux préjugés que vous véhiculez. Retenez-vous de dénigrer, de ridiculiser ou de tenir des propos sexistes devant votre enfant. Vos moindres réactions peuvent influencer le comportement de votre enfant. Par exemple, votre hésitation et votre manque d'enthousiasme face à la demande de votre fils de faire du ballet le convaincront rapidement qu'il vous déçoit en faisant ce genre de demande. Expliquez plutôt à votre enfant les motifs de votre hésitation et rassurez-le sur votre désir qu'il fasse ce qu'il aime (ex : "L'important, c'est que tu fasses ce que tu aimes; si j'ai semblé hésitant(e) lorsque tu m'as parlé, c'est parce qu'à ton âge, il y a très peu de garçons qui font du ballet").
Amenez votre enfant à être respectueux envers les autres. Aidez votre enfant à tenir compte des autres et de leurs désirs. Apprenez-lui à respecter les choix des autres enfants même si cela ne correspond pas à ses propres idées. Amenez-le à avoir une vision élargie des rôles féminins et masculins en lui démontrant, par exemple, qu'un garçon peut aimer jouer aux poupées et qu'une fille peut s'intéresser à la mécanique automobile. Reprenez-le lorsque vous vous rendez compte que votre enfant a des propos non respectueux envers les autres.
Aidez votre enfant à régler ses conflits. Soyez présent et aidant lorsque votre enfant a des conflits avec ses amis. Ne permettez pas que votre enfant rejette un ami qu'il a invité à jouer. Aidez votre enfant à négocier avec ses amis afin qu'ils arrivent à une entente. Mettez de côté vos propres façons de voir la situation et soyez à l'écoute des goûts des enfants afin de les amener vers des idées de jeux ou des solutions qui tiennent compte d'eux. Acceptez le fait que les garçons et les filles n'aient pas la même façon de jouer et permettez, à l'occasion, que votre enfant ne se retrouve qu'entre filles (ou qu'entre garçons) pour jouer.
Soyez un adulte respectueux des choix de votre enfant. Dites à votre enfant qu'il a le droit d'être fâché, contrarié par le bébé, mais que vous n'admettrez jamais qu'il maltraite le bébé. Soyez ferme et cohérent sur ce point. Mentionnez à votre enfant que vous n'acceptez aucun comportement agressif envers le bébé comme vous n'acceptez pas non plus que personne ait des comportements agressifs envers lui. Toutefois, ne tombez pas dans le piège de punir votre enfant en adoptant un comportement agressif à votre tour (ex. : taper, mordre, etc.).
Encouragez les initiatives de votre enfant. Votre fils préfère une poupée à un tracteur ou votre fille, un coffre à outils à un service de vaisselle ? N'essayez pas de l'en dissuader sous prétexte que ce ne sont pas des jouets de garçon ou de fille. Respectez ses goûts. De la même façon, il ne faut pas imposer une poupée à un garçon "trop masculin" ou un camion à une fille "trop féminine". Laissez votre enfant vivre ce qu'il est.
Éveillez votre enfant à la vie en société. Vous laissez votre enfant vivre ses expériences et assumer ses choix ? C'est bien, mais n'oubliez pas que vous êtes celui qui doit l'aider à s'adapter dans la vie. Aidez-le à comprendre les règles sociales quant aux rôles masculins et féminins et outillez-le afin qu'il ne se place pas en position de se faire rejeter par ses pairs. Avertissez-le des risques qu'il court s'il affiche pleinement ses goûts "hors normes" et aidez-le à être épanoui tout en respectant la réalité des limites imposées par les normes sociales. Par exemple, expliquez à votre garçon qu'il peut suivre des cours de ballet mais qu'il risque de se faire ridiculiser s'il porte son collant de ballet pour aller à l'école. En contre partie, il faut aussi aider votre enfant s'il résiste à développer une ouverture et une tolérance face aux enfants différents.
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