Thématique   Se faire « bousculer » involontairement par le parent
Catégorie   Relation avec l'environnement (parents)


Pourquoi les jeunes enfants n’aiment pas se faire brusquer ou bousculer ?

Pour l'enfant, les contacts physiques constituent un mode de communication tout aussi important que la parole. C'est entre autres à travers les contacts physiques chaleureux qu'il a vécus quand il était bébé (ex. : se faire bercer, caresser, chatouiller) qu'il a pu développer une relation d'attachement « sécurisante » avec son parent. Mais autant l'enfant peut se sentir rassuré à travers les contacts chaleureux, autant il peut se sentir « dérouté » quand il vit des contacts physiques plus brusques.

Encore limité dans sa capacité de « décoder » les émotions et intentions de son parent, l'enfant peut interpréter les gestes plus brusques comme un manque d'affection de la part de son parent, un désir de le repousser ou une volonté ferme de lui faire mal. Une telle interprétation vient donc insécuriser profondément l'enfant et peut l'inciter à se mettre à pleurer ou à vouloir aller chercher l'aide de son autre parent. Certains ont même la réaction de dénoncer ouvertement le parent (ex. : « maman, papa m'a fait mal au bras! »).

Ces réactions, dans bien des cas, sont davantage l'expression de la peur de l'enfant que de sa douleur physique. Au contact d'un parent brusque, l'enfant ne se sent plus en sécurité. Vu ses capacités cognitives, l'enfant peut difficilement comprendre que son parent agit ainsi sur le coup de la fatigue, de la tension ou de l'anxiété. Pour se sentir en sécurité, l'enfant a besoin de sentir que son parent est « en contrôle de lui-même » et qu'il est ainsi en mesure de prendre soin de lui de manière « sécurisante ».

Toutefois, l'expérience des contacts physiques plus brusques est inévitable et elle peut avoir des impacts très variables sur l'enfant. En fait, cela dépend de la qualité de la relation dans laquelle ces gestes s'inscrivent. Si ces gestes s'inscrivent dans une relation tendue et déjà conflictuelle ils deviennent beaucoup plus difficiles à récupérer et ils contribuent à maintenir une faible estime de soi chez l'enfant (l'enfant peut ne pas se sentir aimé et apprécié par son parent et les gestes brusques ne viennent que confirmer ce sentiment). Par contre, ces gestes sont moins dommageables pour l'enfant lorsqu'ils s'inscrivent dans une relation chaleureuse, qu'ils ne surviennent qu'occasionnellement et que le parent parvient à réagir de façon à rassurer son enfant lorsqu'ils se produisent.





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Conseils aux parents

Comment réagir s'il vous arrive de brusquer involontairement votre enfant ?


  • Expliquez-lui les raisons de votre geste.
    Vous avez eu peur qu'il se fasse frapper et vous l'avez saisi rapidement par le bras : expliquez à votre enfant pourquoi vous l'avez brusqué. Vous êtes fâché et moins patient : soyez capable d'admettre vos torts et de vous excuser de votre comportement quand il le faut.

  • Réparez les « bobos ».
    Peu importe la raison pour laquelle vous l'avez brusqué, il est important de reconnaître que vous avez pu faire mal à votre enfant. Vous pouvez réparer votre geste en flattant le « bobo », en lui donnant un bec et en disant à l'enfant que vous n'avez pas voulu lui faire mal.

  • Reconnaissez que votre comportement l'a effrayé.
    Il est important aussi de reconnaître que votre comportement peut avoir été surprenant pour votre enfant. Vous pouvez l'aider à nommer son émotion en lui disant, par exemple, « Tu pleures parce que je t'ai fait peur ». Tout comme pour les « bobos », vous pouvez réparer votre geste en le rassurant.

    En fait, votre réaction influencera la façon dont votre enfant réagira lui-même à votre geste. Si vous niez le malaise que votre enfant éprouve (ou même la douleur dans certains cas), celui-ci se sentira démuni face à la situation et perdra progressivement confiance au support qu'il peut obtenir de vous. Il aura tendance à se refermer et à vous en vouloir. Au contraire, si vous reconnaissez le malaise et vous vous montrez désolé de ce qui lui arrive, votre enfant se sentira rassuré et pourra réagir positivement face au malaise. Votre réaction suite à ces comportements peut même lui servir de modèle quant à la façon de se comporter avec les autres lorsqu'il les bouscule. Si vous reconnaissez le sentiment de votre enfant et que vous réparez votre geste, l'enfant répétera cette façon de faire avec les autres.

  • Sachez quand consulter.
    Lorsque ce genre de comportement se répète souvent et que la relation avec votre enfant se dégrade, il est important d'aller chercher de l'aide. Vous avez peut-être besoin de soutien pour un certain temps, de répit ou d'aide sur la façon d'entrer en relation avec votre enfant. Pour votre mieux-être et celui de votre enfant, n'hésitez pas à consulter ou à vous référer à des organismes qui pourront vous aider.


Il est 8h. Vous êtes en retard pour le travail. Émilie, quatre ans, lambine et ne se presse pas autant que vous le souhaiteriez. Au moment de monter dans la voiture, elle recommence son manège. Pour l'aider à accélérer, vous la prenez par le bras et l'assoyez rapidement dans la voiture. Surprise, Émilie se met à pleurer et vous accuse de lui avoir fait mal au bras.


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