Cornemuse | C'est pas toi qui décide

Pourquoi l'enfant a-t-il souvent de la difficulté à accepter l'autorité du nouveau conjoint de son parent ?

Quand l'enfant conteste l'autorité du nouveau conjoint c'est bien souvent parce qu'il résiste à son intégration dans la famille. Cette réaction est très fréquente puisque l'arrivée du nouveau conjoint vient imposer certaines pertes et contraintes à l'enfant. Elle vient d'abord le priver d'une part d'attention que son parent lui réservait et qui est maintenant redirigée vers le nouveau conjoint. Pour l'enfant, c'est une perte bien réelle et il peut tenir le nouveau conjoint responsable de cette perte. Quand le nouveau conjoint s'investit en plus dans un rôle parental, l'enfant se trouve alors en position d'être « doublement contrarié » (deux adultes plutôt qu'un le surveillent et lui posent des interdits, ce qui réduit sa liberté). L'enfant peut également se trouver à devoir répondre à des exigences nouvelles (ex. : le conjoint demande à l'enfant d'attacher ses souliers par lui-même tandis que le parent ne l'exigeait pas) ou contradictoires (ex. : le conjoint interdit à l'enfant de manger avec ses doigts tandis que le parent le lui permet).

Le « c'est pas toi qui décide » pourra alors être tenté par l'enfant pour échapper à une surveillance plus étroite ou à des exigences supplémentaires ou encore pour dissiper la confusion qu'il vit devant des exigences contradictoires. Il peut également être lancé par l'enfant dans l'espoir inconscient de vouloir écarter celui qui lui a « volé » une part d'attention de son parent.

Derrière cette résistance de l'enfant à l'égard du nouveau conjoint, se cache également ce que l'on appelle le conflit de loyauté. L'enfant croit que le nouveau conjoint vient prendre la place de son père absent ou de sa mère absente. Par loyauté pour son parent absent, il se sent le devoir de se porter à sa défense en s'opposant au nouveau conjoint. L'enfant peut même croire secrètement que s'il réussit à chasser le nouveau conjoint, il pourra ainsi permettre au parent évincé par la séparation de reprendre sa place. C'est ce qu'on appelle le fantasme de réconciliation, le désir secret de voir ses deux parents revenir ensemble.

Malgré toutes ces tentatives d'opposition de l'enfant, réussir à repousser le nouveau conjoint ne lui apporterait aucune satisfaction. Au contraire, si l'enfant réussit à déstabiliser le nouveau conjoint, il se sent alors investi d'un pouvoir qui l'insécurise profondément. C'est plutôt la solidité de la nouvelle union qui viendra le sécuriser tout comme le plaisir d'avoir dans sa vie une nouvelle personne qui prend soin de lui et qui lui fait découvrir de nouvelles choses. Le parent a donc un rôle important à jouer pour aider son nouveau conjoint à faire sa place et rassurer ainsi l'enfant face à la nouvelle union qui prend vie.

Vous vous occupez d'habiller le bébé pendant que Michel, votre nouveau conjoint, vous donne un coup de main en aidant Maude, votre grande de 4 ans, à faire son lunch pour un pique-nique à la garderie. Lorsque votre conjoint refuse qu'elle emporte plusieurs biscuits pour son pique-nique, elle se fâche et lui dit qu'elle ne veut pas que ça soit lui qui décide mais plutôt vous. Voyant que vous appuyez votre conjoint, elle se met à bouder.

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Comment pouvez-vous aider votre enfant à accepter l'autorité de votre nouveau conjoint ?

Reconnaissez les difficultés que vit votre enfant.
Prenez le temps de bien comprendre les raisons qui le poussent à s'opposer à l'autorité de votre nouveau conjoint. S'agit-il d'inquiétudes (ex. : « j'ai peur que papa pense que je ne l'aime plus ou qu'il ne soit pas d'accord si j'écoute ce que me demande le nouveau conjoint »), d'incohérences dans les habitudes et les besoins de votre enfant (ex. : votre enfant est habitué de prendre son bain la porte fermée et votre conjoint demande à ce qu'elle reste ouverte) ou encore d'un réel malaise (ex. : les attitudes du conjoint portent atteinte à l'intégrité physique ou psychologique de votre enfant). Lorsque vous comprenez pourquoi votre enfant réagit ainsi, il vous est plus facile de l'aider adéquatement soit en le rassurant, en l'accompagnant, en réajustant les exigences ou encore en intervenant auprès de votre conjoint.

Laissez à votre conjoint la place qu'il faut pour qu'il arrive à créer une relation de qualité avec votre enfant.
C'est la qualité de la relation que votre nouveau conjoint aura établie avec votre enfant qui le motivera à percevoir positivement son autorité (c'est pour faire plaisir à un adulte qu'il aime que l'enfant accepte d'abord de répondre à ses exigences et de respecter les interdits qu'il lui pose). Avant même de faire de la discipline, un nouveau conjoint devrait avoir comme premier objectif de créer une belle relation avec l'enfant de l'autre conjoint. Vous pouvez faciliter les contacts entre votre enfant et votre conjoint en laissant votre conjoint prendre des initiatives face à votre enfant. Le jeu est un excellent moyen pour entrer en contact avec un enfant.

Encouragez votre conjoint à être patient et à respecter le rythme de votre enfant.
Au départ, le nouveau conjoint devrait se contenter d'aller dans le même sens que vous ou d'appuyer ce que vous dites. Ensuite, lorsqu'une belle relation sera établie, il pourra graduellement participer plus activement à la discipline. Il est important de laisser le temps à l'enfant et au nouveau conjoint de bâtir leur relation.

Rassurez votre enfant en maintenant ses rituels et certaines habitudes de vie.
L'arrivée d'un nouveau conjoint peut venir changer certaines habitudes de vie. Afin de faciliter l'adaptation de votre enfant à cette nouvelle réalité, tentez de maintenir le plus possible les rituels et les habitudes de vie de votre enfant (rituels du couché, des repas, routine quotidienne, etc.). Votre enfant acceptera mieux votre nouveau conjoint s'il n'a pas l'impression que son arrivée a chamboulé sa vie.

Entendez-vous avec votre conjoint sur les mêmes règles.
Afin d'assurer une continuité pour l'enfant, il est important que vous et votre conjoint ayez les mêmes exigences et interdits pour votre enfant. Il est aussi préférable d'avoir les mêmes façons d'intervenir auprès de votre enfant lorsqu'il ne respecte pas les règles. Sans quoi votre enfant se servira de ce désaccord pour s'opposer à votre conjoint et il lui sera difficile d'en venir à accepter son autorité. Par contre, rien ne vous empêche de modifier une règle que vous avez établie avec votre enfant avant l'arrivée de votre conjoint. L'important est d'expliquer à l'enfant votre nouveau choix commun.

Demander à votre enfant de respecter votre conjoint.
Si votre enfant s'oppose à l'arrivée d'un nouveau conjoint, vous pouvez lui dire « tu as le droit de ne pas aimer mon conjoint, mais tu dois le respecter ». Il est important que votre enfant sente que vous comprenez sa difficulté à accepter votre nouveau conjoint, que vous n'exigez pas de lui qu'il l'aime, mais que vous lui demandez de le respecter. Si votre enfant, par exemple, est impoli avec votre nouveau conjoint ou refuse de l'écouter, il est important que vous signifiiez à votre enfant votre désaccord. Prendre la défense de votre conjoint est une façon de prouver à votre enfant que vous aimez votre conjoint et que vous tenez à lui. Votre enfant se sentira alors rassuré de la stabilité de votre union.