Cornemuse | Vouloir faire rire... sans toujours y arriver

Pourquoi faire rire est à la fois si facile et si difficile pour un jeune enfant ?

Quand un enfant, à 4 ans, réussit à faire rire les autres, c'est bien souvent parce que ses maladresses ou ses réactions spontanées ont eu, bien malgré lui, cet effet. Dans certains cas, l'enfant peut être déçu ou même offusqué en entendant les rires; c'est le cas si sa maladresse lui a causé de l'inconfort (ex. : s'il se retrouve le visage plein de neige en tombant du traîneau) ou s'il a l'impression qu'on se moque de lui (ex. : s'il prononce un mot de façon bizarre). Dans bien d'autres cas, par contre, l'enfant a une réaction positive. En entendant les rires, il se sent très fier de lui, il s'approprie la réussite (« je suis comique, je fais rire les autres ») et il veut bien souvent tenter de réobtenir le même effet.

Toutefois, pour bien des enfants de cet âge, identifier ce qui a véritablement provoqué le rire n'est pas simple. Ils peuvent alors tenter de reproduire le même geste en insistant sur un élément plus ou moins « comique » et ne pas arriver à obtenir autant de succès (ex. : croire que c'est de faire éclabousser la peinture qui est drôle quand c'est plutôt la mimique qu'a faite la petite soeur quand elle a reçu la peinture sur le bout du nez). D'autres enfants par ailleurs arrivent à bien saisir ce qui a provoqué le rire mais ont tendance à vouloir le répéter exagérément, ce qui réduit l'effet comique ou le transforme littéralement en effet opposé (ex. : un enfant provoque un bruit bizarre en voulant ouvrir une armoire et répète le geste plusieurs fois; l'effet qu'il obtient passe rapidement du rire à l'agacement).

L'enfant est à la fois déçu et perplexe : de celui qui a réussi à faire rire son parent, il devient tout à coup celui qui le fait fâcher. Il peut alors croire que son parent veut limiter injustement son plaisir car, selon sa compréhension des choses, un geste répété devrait toujours entraîner le même effet. Il ne comprend pas, non plus, pourquoi ce qui était drôle est maintenant désapprouvé car il a tendance à se centrer davantage sur son plaisir et à négliger de porter attention à l'autre pour comprendre ce qu'il ressent (« est-ce que ma soeur a encore du plaisir ? rit-elle encore ? »). Pour arriver à comprendre ce qui fait rire, l'enfant a besoin d'être aidé (ex. : « c'était drôle parce que c'était comme une surprise pour tout le monde, maintenant ce ne l'est plus parce qu'on s'y attend »). Le parent a donc un rôle important à jouer pour aider l'enfant à rester le petit comique qu'il aime bien être.

Julien, en manipulant sa gouache liquide, provoque des éclaboussures qui atteignent le visage de sa soeur. Témoin de la scène, sa mère éclate de rire en voyant la mimique que fait la petite soeur. Désirant faire rire sa mère à nouveau, Julien relance des gouttelettes de gouache à sa soeur mais sa mère le réprimande aussitôt. Julien est déçu.

Réalité des enfants

Conseils aux parents

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Comment pouvez-vous aider votre enfant à comprendre ce qui fait rire ?

Expliquez à votre enfant ce qui a provoqué le rire.
Vous aiderez ainsi votre enfant à comprendre ce qui est drôle. Par exemple, expliquez-lui que c'est l'effet de surprise qui fait que c'est drôle.

Expliquez à votre enfant pourquoi ce n'est plus drôle.
Les enfants ont tendance à vouloir reproduire ce qui a fait rire. Il est important que votre enfant comprenne pourquoi, bien souvent, lorsqu'il répète la farce ou le comportement ce n'est plus drôle. Expliquez-lui que c'est parce qu'on s'y attend, qu'il n'y a plus de surprise. Dans d'autres cas, il aura besoin de votre aide pour comprendre que certains gestes ne sont pas drôles parce qu'ils sont agaçants ou déplacés. Vous devrez alors aider votre enfant à être sensible à l'effet de ses gestes sur les autres. Ainsi, il développera l'empathie et le discernement nécessaire pour distinguer les actions qui font rire de celles qui font fâcher.

Riez seulement quand c'est drôle.
Lorsque pour faire plaisir à votre enfant vous riez de ses tentatives d'humour alors que ce n'est pas drôle, vous ne l'aidez pas à bien évaluer ce qui fait rire. De même que lorsque vous riez alors que votre enfant vous signale clairement qu'il ne trouve pas drôle ce qui lui arrive, vous lui donnez l'information qu'on peut rire de quelqu'un qui est blessé ou qui a de la peine. Dans ce cas, reconnaissez plutôt l'inconfort qu'il ressent (ex. : « ce n'est pas agréable d'avoir de la neige dans le visage, c'est froid et ça fait mal »).

Accompagnez-le dans sa démarche de faire rire les autres.
Votre enfant bénéficie énormément de votre complicité dans son apprentissage de l'humour. Vous pouvez aider votre enfant à imaginer un tour à jouer, l'aider à anticiper l'effet qu'il risque d'obtenir en l'imaginant sur lui-même et l'aider à préparer ce tour.