Thématique   Se soulager de sa colère sans incommoder les autres
Catégorie   Relation à soi (sentiments)


Pourquoi les jeunes enfants font-ils facilement des colères ?

La colère est une façon pour le jeune enfant d'exprimer maladroitement bien des émotions. Derrière la colère, se cachent toutes sortes d'émotions que l'enfant a encore beaucoup de difficulté à distinguer (la déception, la tristesse, la peur) et qu'il vit d'une façon bien particulière qui est intimement liée à sa façon de comprendre et de percevoir les choses.

Entre autres, chez le jeune enfant, la tristesse ou la déception est souvent ressentie de manière plus intense. Contrairement aux enfants plus vieux, le jeune enfant a tendance à accorder toute son attention au moment présent; la déception ou la tristesse qu'il ressent est alors plus intense car elle occupe toute la place dans son esprit. Son peu d'expérience face à la vie ne lui permet pas non plus d'imaginer plusieurs solutions au problème qu'il éprouve; il peut donc avoir l'impression que son malaise va durer éternellement ce qui le rend plus difficile à supporter.

La déception ou la tristesse que ressent l'enfant peut également se coupler de frustration ou d'inquiétude. Entre autres, si certains interdits qu'on lui pose sont difficiles à comprendre de son point de vue d'enfant, il peut se croire injustement traité (ex. : on lui refuse l'achat de bonbons ou un tour de manège au centre commercial). De la même façon, si l'enfant est conscient du peu de pouvoir qu'il a sur la situation (ce sont les grands qui décident), il peut craindre de ne pas réussir à se faire comprendre. C'est souvent dans ce contexte que l'expression des émotions désagréables prend des proportions démesurées chez le jeune enfant (ex. : pleurer, crier, se jeter par terre).

Pour certains enfants, l'état de développement de leurs capacités langagières viendra également rendre plus difficile l'expression des émotions désagréables : dépourvus du vocabulaire nécessaire pour exprimer ce qu'ils ressentent ou incapables de s'exprimer aussi rapidement qu'ils le souhaitent, c'est le corps qui prend la relève et qui exprime maladroitement le malaise ressenti.

Mais la colère chez l'enfant est parfois si intense qu'elle peut insécuriser l'enfant lui-même lorsqu'elle se produit. Si l'enfant va jusqu'à lancer des objets ou se lancer par terre, il peut devenir incapable de contrôler sa réaction et s'en sentir très inquiet. Ce qui le sécurise alors, c'est de sentir que l'adulte qui l'accompagne se sent en mesure de réagir adéquatement pour l'aider à reprendre contrôle de lui-même et trouver une solution au problème qui a causé son malaise. Le parent a donc un rôle important à jouer pour aider l'enfant à reconnaître les émotions qu'il ressent et à les exprimer adéquatement; c'est ce qu'on appelle l'autorégulation des émotions.

Votre fils François a reçu un nouveau jeu qu'il adore! Un jour, il se rend compte que sa petite soeur est en train de jouer avec son nouveau jeu sans lui avoir demandé la permission et que, comble du malheur, elle l'a brisé! François est hors de lui, il s'élance vers sa petite soeur en criant : « C'était mon jeu! ». Voyant que vous voulez l'empêcher de s'en prendre à sa petite soeur, il se jette par terre et se met à pleurer en frappant le sol à coups de pieds.


Réalité des enfants


Conseils aux parents





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Comment pouvez-vous aider votre enfant lorsqu'il se met en colère ?


  • Restez patient, ferme et calme.
    Le temps, le calme et la fermeté restent encore les meilleurs moyens d'aider un enfant qui se met en colère. Laissez-lui le temps de se déchoquer; rien ne sert de crier ou encore d'exiger de votre enfant qu'il se calme immédiatement, cela ne fera que l'insécuriser ou encore exacerber sa colère. Invitez-le à venir près de vous pour vous dire pourquoi il est si fâché. Vous pouvez aussi lui suggérer de se retirer un moment dans sa chambre pour prendre le temps de se calmer avant de vous parler.

  • Posez des limites claires.
    Intervenez calmement et rapidement pour empêcher les comportements inacceptables (ex. : ne le laissez pas briser des objets, se faire mal ou faire mal au petit frère). Certains enfants vont s'en prendre à eux-mêmes durant leur colère (ils se frappent la tête, s'arrachent les cheveux ou se mordent). Il est important d'empêcher votre enfant de poser de tels gestes en le retenant et en lui disant doucement « tu peux te fâcher mais je ne veux pas que tu te fasses mal».

    Par contre, vous pouvez permettre à votre enfant d'évacuer les tensions physiques qui accompagnent la colère au moyen de certains exutoires comme celui de taper sur son oreiller, de lancer des balles de papier sur un fauteuil, d'aller courir dans la cour ou de jouer à un jeu qui permet de bouger physiquement. Lorsqu'il aura apaisé ces tensions, votre enfant sera davantage en mesure d'exprimer ce qu'il ressent.

  • Aidez-le à comprendre et à exprimer l'émotion qu'il ressent.
    Votre enfant a d'abord besoin que vous mettiez des mots sur ce qu'il ressent avant d'être capable de le faire par lui-même. Par exemple, si vous constatez que votre enfant est fâché parce que vous lui avez refusé quelque chose, vous pouvez l'aider à comprendre ce qui lui arrive en lui disant doucement : « tu es fâché parce que je ne veux pas que tu manges de biscuits avant le souper ». Ensuite vous pouvez le guider pour qu'il arrive à dire : « je suis fâché ! », puis l'amener doucement à nommer plus précisément ce qu'il ressent : « tu trouves injuste de ne pas pouvoir manger ce que tu veux ».

  • Aidez-le à composer avec la situation.
    Reconnaissez-lui le droit d'être fâché en lui disant par exemple : « C'est vrai que ce n'est pas agréable de se faire dire non ». Dans ce cas, vous pourriez dire à votre enfant que vous comprenez qu'il est déçu et chercher avec lui une façon de mieux composer avec la situation. Par exemple, vous pourriez lui donner le choix entre une carotte ou un fromage à la place de biscuits avant le souper.

  • Évitez de rendre votre enfant honteux de ses émotions.
    Évitez de le culpabiliser pour ce qu'il ressent. Ne  lui  dites  pas, par exemple, que  « ce n'est pas beau de se fâcher », qu'il devrait comprendre pourquoi vous lui dites non ou encore que « ce n'est que les bébés qui font des colères comme ça ». Ne le punissez pas non plus parce qu'il se fâche.

  • Évitez d'encourager votre enfant à faire des colères.
    Lorsque votre enfant fait une colère parce que vous lui avez dit non pour quelque chose, ne cédez pas à sa demande en lui accordant ce que vous lui avez préalablement refusé. Agir ainsi l'encouragerait à faire des colères pour obtenir ce qu'il veut.

  • Quand vous êtes fâché, soyez un exemple à suivre pour votre enfant.
    Votre enfant a son propre tempérament et selon qu'il est plus calme ou colérique, ses colères seront plus douces ou plus explosives. Cependant, l'exemple que vous lui donnez lorsque vous êtes fâché modèle aussi son comportement. En observant ses parents, ses frères et soeurs agir lorsqu'ils sont en colère, l'enfant apprend certains comportements qu'il imite à son tour lorsqu'il est fâché.