Thématique   Le respect des différences
Catégorie   Relation avec les autres (sentiments)


Pourquoi les jeunes enfants excluent-ils parfois un des leurs d'une activité de jeu ?

C'est souvent parce que les enfants veulent se conformer à une règle qu'ils ont choisie pour leur jeu de rôle qu'ils excluent un autre enfant qui désire participer. Par exemple, pour jouer aux princesses qui vont à un bal, les enfants peuvent décider que les princesses auront de longs cheveux comme dans un conte qu'on leur a raconté. Toute petite fille qui n'aurait pas de longs cheveux serait alors refusée pour jouer le rôle de princesse. Dans un tel contexte, les sentiments qu'ils éprouvent pour la petite fille aux cheveux courts ne sont nullement en cause. Ce n'est pas parce qu'ils n'apprécient pas cette petite fille qu'ils l'excluent; c'est plutôt pour se conformer à une règle qui leur semble importante à respecter pour réussir le jeu.

Bien que ces conduites d'exclusion soient normales, elles peuvent attrister l'enfant qui est rejeté. Le manque d'empathie et la tendance à l'égocentrisme des jeunes enfants font en sorte qu'ils n'ont pas d'emblée le réflexe de tenir compte des autres et de leurs sentiments. Ils peuvent donc ne pas percevoir que l'enfant rejeté a de la peine. L'enfant rejeté peut aussi ne pas détenir les habiletés nécessaires pour réussir à s'intégrer. Dans certains cas, par contre, un enfant empathique avec un leadership positif peut arriver à convaincre les autres de modifier les règles pour permettre l'intégration de l'enfant « non conforme » (ex. : « on pourrait avoir une autre sorte de princesse qui vient d'un autre pays »). Dans d'autres cas, c'est l'enfant rejeté lui-même qui peut trouver le moyen de convaincre les autres de l'accepter (ex. : proposer un nouveau rôle qui complète bien le jeu : « je vais faire la couturière qui va coudre vos robes de princesse »).

Bien que les jeunes enfants puissent transformer les règles de leurs jeux en fonction de leurs désirs du moment, plus ils vieillissent, plus celles-ci tendent à être nombreuses et strictes. C'est ainsi que se créent les jeux pour lesquels le sexe devient un critère d'admission (ex. : devoir être un garçon pour pouvoir participer à un jeu de guerriers). Il ne faudrait pas croire que les enfants sont sexistes parce qu'ils fonctionnent ainsi. C'est plutôt par besoin de s'identifier à d'autres enfants du même sexe qu'ils se livrent à de telles exclusions. L'enfant qui se fait exclure sait très bien que ce n'est pas parce qu'il n'est pas aimé qu'il est rejeté mais parce qu'il n'est pas du bon sexe pour participer au jeu. Cette forme de rejet est plutôt une expérience qui vient contribuer au processus d'identification sexuelle de l'enfant. Par ce rejet, l'enfant se fait confirmer qu'il est bien une fille ou un garçon. Rares sont les enfants qui vont percevoir négativement une telle exclusion.

Mais dans d'autres circonstances, l'exclusion est un véritable rejet de l'individu. Les motifs énoncés par les enfants ne sont alors que des prétextes pour éviter de nommer le vrai motif de l'exclusion. L'enfant rejeté est très souvent un enfant différent ou ayant des conduites inadéquates et persistantes auprès des autres. Face à un enfant différent, les jeunes enfants ont tendance à se sentir déstabilisés, à être inquiets ou même effrayés. Que ce soit parce que l'enfant a un défaut de langage, une imperfection physique, une façon différente de réagir (ex. : il pleure facilement) ou qu'il soit d'une ethnie différente, l'inconfort est le même pour les enfants qui en sont à leur première expérience avec cette réalité. Normalement, ce type d'exclusion ne persiste pas. À mesure que les enfants se familiarisent avec cet enfant différent et qu'ils réalisent que le contact est agréable, ils modifient leur attitude et se montrent accueillants. Avec un enfant dont les conduites sont désagréables toutefois (ex. : il est agressif, s'accapare tous les jouets, s'impose par la force), l'exclusion a tendance à se maintenir et même à se généraliser à d'autres contextes (ex. : refuser de manger à côté de lui). Dans ce cas, l'intégration ne sera pas possible sans une réelle modification des conduites de l'enfant rejeté.

Trois garçons amorcent un jeu de pirates à la garderie. Julie-Anne qui vient de finir son casse-tête les voit enfiler leur costume; elle s'approche et leur dit qu'elle aussi veut faire un pirate. Les trois comparses refusent en disant qu'une fille pirate ça ne se peut pas. Julie-Anne est toute attristée de ce refus.




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Réalité des enfants


Conseils aux parents

Comment pouvez-vous aider votre enfant à réagir face à l'exclusion ?


  • Aidez votre enfant à comprendre pourquoi il a été exclu.
    Si votre enfant est exclu parce qu'il a eu un comportement inadéquat, il est important que vous reconnaissiez le comportement fautif de votre enfant et que vous lui nommiez ce dernier. Vous pouvez aussi lui expliquer comment les autres ont pu se sentir en regard de ce comportement. Par contre, si votre enfant est exclu d'un jeu de petites filles parce qu'il est un garçon, faites-lui comprendre que ce n'est pas parce que les petites filles ne l'aiment pas qu'elles l'ont exclu mais plutôt parce qu'elles voulaient jouer entre filles. Aidez-le à comprendre en lui rappelant les fois où il a préféré jouer à certains jeux seulement avec des garçons. Vous pourriez aussi aider votre enfant à comprendre qu'il ne peut pas toujours faire partie des jeux des autres (certains jeux ont des limites de participants, etc.).

  • Aidez votre enfant à éviter le rejet des autres.
    Très tôt, ne permettez pas à votre enfant de poser des comportements inadéquats vis-à-vis les autres (ex. : bousculer, s'imposer, arracher les jouets des mains). Intervenez rapidement afin qu'il cesse ce genre de comportement. Expliquez-lui que s'il pose de tels comportements avec les autres, ceux-ci ne l'apprécieront pas et risquent de refuser de jouer avec lui. Apprenez-lui à se faire apprécier des autres en lui indiquant clairement quels comportements adopter (ex. : exprimer clairement ce qu'on n'aime pas, demander la permission avant d'emprunter un jouet, etc.).

  • Encouragez votre enfant à être empathique à l'égard de celui qui se fait exclure.
    Votre enfant a besoin d'aide pour réaliser qu'un ami peut être triste s'il se fait exclure d'un jeu à cause d'une caractéristique personnelle. Guidez votre enfant dans cette prise de conscience tout en lui suggérant comment il peut réparer la peine qu'il a causée ou quels comportements appropriés il peut adopter pour aider l'enfant exclu à s'intégrer.

  • Aidez-le à trouver des solutions pour permettre à tous d'être intégrés.
    Faites voir à votre enfant que le plaisir de jouer doit être partagé et que si les règles d'un jeu excluent un ami, il est possible de refaire les règles plutôt que d'exclure cet ami. Par exemple, faites voir à votre enfant comment un enfant qui a perdu ses dents peut quand même tenir le rôle du requin.

  • Aidez votre enfant à ne pas développer de préjugés.
    Quelquefois les propos spontanés de votre enfant vous gênent ou vous offusquent. Même si ses propos peuvent être choquants, prenez le temps de toujours répondre correctement aux questions de votre enfant et de réajuster ses conceptions lorsqu'il est dans l'erreur. Par exemple, si votre enfant vous demande : « pourquoi la petite fille a la peau toute noire, est-ce que c'est parce qu'elle est sale ? », ne  vous  limitez  pas  à  simplement  affirmer  « on ne dit pas ça! ». Donnez-lui la bonne explication, ex. : « tout comme pour les yeux et les cheveux, il y a différentes couleurs de peau » et faites-lui comprendre que ce genre de remarques peut blesser les gens.

  • Soyez conscient que vous servez de modèle à imiter pour votre enfant.
    Votre enfant apprend en grande partie à respecter les autres à travers vos propres comportements. Évitez d'afficher haut et fort vos préjugés ou vos commentaires négatifs à l'endroit des autres. Votre enfant aura tendance à vous imiter et à adopter les mêmes attitudes que vous. Soyez conscient que même lorsque vous faites des blagues (ex. : sur les femmes, les différentes ethnies, etc.) votre enfant risque de prendre vos propos « au premier degré » et de les répéter ensuite comme si c'était des vérités.