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| Thématique | Servir de messager entre papa et maman |
| Catégorie | Relation avec les autres (parents) |
Pourquoi est-ce si difficile pour l'enfant de vivre « entre » deux parents en conflit ? L'enfant éprouve beaucoup de malaise quand il pressent que ses parents sont en conflit. Par loyauté mais aussi par attachement, l'enfant aime ses deux parents et supporte difficilement que l'un s'en prenne à l'autre. Quand il est témoin d'un conflit, l'enfant se sent déchiré et il peut devenir inquiet s'il est confronté à des voix fortes ou à des gestes brusques. Il peut alors tenter de mettre un terme au conflit en demandant à l'un et l'autre parent de cesser certains comportements dérangeants (ex. : « arrête de crier comme ça, dis pas ça à maman, c'est pas gentil »). Il peut aussi avoir la réaction de se coller sur son parent s'il sent que celui-ci est la cible de reproches de l'autre parent et qu'il en est affecté.
L'enfant peut être tout aussi affecté par les mésententes de ses parents même si ceux-ci ne se livrent pas à des conflits ouverts en sa présence. C'est le cas entre autres des enfants dont les parents sont séparés et qui invitent indirectement l'enfant à prendre part à leurs conflits. L'enfant peut être invité à exprimer son opinion sur un geste posé par l'autre parent (ex. : « est-ce que tu trouves que ta mère a eu une bonne idée ? »). Il peut aussi être appelé à répondre à des questions susceptibles de mousser les conflits (ex. : « ton père fume-t-il encore ? sa blonde couche-t-elle à la maison ? ») ou à faire des messages délicats (ex. : « peux-tu dire à ton père que je ne pourrai pas te prendre la fin de semaine prochaine ? »).
Quand l'enfant se trouve devant de telles demandes, il peut vouloir plaire à son parent et avoir tendance à accéder à ses demandes. À 4 ou 5 ans, toutefois, l'enfant peut difficilement anticiper les conséquences d'une telle démarche. Il pose donc le geste en toute naïveté, croyant ainsi aider son parent. L'enfant est ensuite surpris par la réaction négative de son parent qui vient lui rappeler les tensions qui existent entre ses deux parents (ex. : « pourquoi veut-il ça ? ça ne lui appartient pas... tu parles d'une question ! »). L'enfant peut alors se sentir responsable des conflits qui éclatent entre ses parents car c'est par les questions qu'il a posées ou les messages qu'il a livrés que ceux-ci se sont déclenchés.
Plus l'enfant accède aux demandes, plus il risque de subir les contrecoups de ces conflits. Il peut même en venir à « porter » la colère et la tristesse de l'un et l'autre de ses parents s'il s'approprie ces conflits (ex. : chicaner un de ses parents, l'accuser de faire du tort à l'autre, décider de camoufler de l'information pour protéger un de ses parents). Même si l'enfant se sent malheureux et tiraillé dans une telle situation, refuser d'accéder aux demandes de ses parents lui apparaît comme un geste douloureux à poser car il peut avoir l'impression d'abandonner ses parents ou de leur désobéir. Le parent a donc un rôle important à jouer pour libérer l'enfant d'un tel fardeau sans quoi, sa seule porte de sortie sera d'éviter les demandes de ses parents (ex. : « j'ai oublié, je ne m'en souvenais plus... »).
Votre fils Charles arrive chez vous pour y passer la fin de semaine. Vous l'embrassez en lui disant que vous êtes content qu'il soit là. Lorsque vous l'aidez à se déshabiller le soir, Charles vous dit : « maman veut que tu me mettes une camisole sous mon chandail parce que c'est l'hiver ». Vous avez alors l'impression qu'on veut vous dicter comment faire les choses et vous vous exclamez d'un ton fâché : « tu diras à ta mère de se mêler de ses affaires ». Charles vient les yeux pleins d'eau. Comment pouvez-vous protéger votre enfant des conflits qui existent entre vous et son autre parent ?
- Évitez de parler contre l'autre parent.
Ne communiquez pas vos rancunes face à l'autre parent devant votre enfant. Ceci le placerait en situation de conflit intérieur : il pourrait sentir par votre attitude que vous cherchez à lui faire prendre position en votre faveur ce qui peut rendre votre enfant très malheureux puisqu'il le percevrait aussi comme une invitation de votre part à trahir son autre parent. De plus, lorsque vous dénigrez l'autre parent, vous vous trouvez, du même coup, à dénigrer votre enfant puisque celui-ci est constitué de ses deux parents.
- Restez authentique tout en protégeant votre enfant.
Vous ne pouvez pas tout cacher à votre enfant. Inévitablement, il viendra un moment où il sera témoin de votre mécontentement face à votre ex-conjoint ou même d'un conflit. À d'autres moments, votre enfant vous posera des questions sur les causes de vos chicanes. Vous pouvez dire à votre enfant que vous et votre conjoint n'êtes pas d'accord sur quelque chose sans donner plus de précision et le rassurer en lui disant que ce sont des chicanes d'adultes pour lesquelles vous trouverez une solution, que le conflit ne durera pas toujours. L'important c'est que votre enfant sente que vous avez confiance en vos ressources pour bien gérer la situation et que vous ne dénigrez pas son autre parent quand vous parlez de lui. Votre enfant peut même retirer des avantages à voir que son parent arrive à gérer les conflits de manière autonome. Ceci lui envoie une image optimiste pour les difficultés et les conflits qu'il aura lui-même à gérer dans sa vie.
- Trouvez des solutions aux difficultés de communication.
Il n'est pas toujours facile de communiquer harmonieusement avec son ex-conjoint. Essayez de voir de quelles façons vous pourriez lui transmettre des messages sans impliquer votre enfant. Lui parler directement est parfois difficile, vous pourriez peut-être utiliser sa boîte vocale pour lui laisser un message ou encore lui écrire. Si vous êtes très fâché, peut-être est-il préférable d'attendre un peu avant de lui laisser un message. Vous pourriez aussi vous assurer que les messages que vous lui laissez ne sont pas provocateurs ou dénigrants. Vous pourriez, par exemple, parler à votre ex-conjoint des besoins de votre enfant plutôt que de son incompétence parentale, en lui disant : « Charles se plaint souvent qu'il a froid à la garderie, je t'ai mis une camisole dans son sac » au lieu de : « L'hiver tu devrais toujours lui mettre une camisole ».
- Confiez-vous à un ami aidant.
Accordez-vous du temps avec un ami ou un parent pour jaser de ce que vous vivez en rapport à votre ex-conjoint. Si vous ventilez vos émotions avec un confident qui saura vous écouter (et qui n'émoussera pas votre colère parce qu'il en veut lui aussi à votre ex-conjoint), il vous sera peut-être plus facile de vous retenir d'en parler devant votre enfant. Les sentiments de colère cachent bien souvent une grande déception ou de la tristesse. Tentez de voir quelles émotions se cachent derrière votre colère : il sera peut-être plus facile pour vous et votre enfant de gérer ces émotions plutôt que la colère. Si malgré le temps et les confidences vous n'arrivez pas à dissiper votre colère et vous restez profondément blessé, n'hésitez pas à aller chercher de l'aide auprès d'un professionnel.
- Reconnaissez à votre enfant l'amour qu'il a pour vous et pour son autre parent.
Peu importe la nature de vos conflits ou la gravité des gestes posés par votre conjoint à votre égard, soyez sensible au fait que votre enfant aime ses deux parents également. Reconnaissez à votre enfant le droit d'aimer inconditionnellement son autre parent tout comme il vous aime. Malgré toutes les rancoeurs que vous avez face à votre ex-conjoint, permettez à votre enfant de voir son autre parent et démontrez-lui que vous êtes sincèrement content lorsqu'il passe de bons moments avec lui.
- Soyez sensible à ce que vit votre enfant.
Si votre enfant est malheureux parce que son autre parent lui parle des conflits qu'il a avec vous, ne blâmez pas les comportements de votre conjoint et essayez de ne pas démontrer votre indignation devant votre enfant. Soyez plutôt à l'écoute de ce qu'il vit, reconnaissez que la situation est difficile et tentez de voir avec lui quelles solutions pourraient l'aider à mieux vivre la situation (ex. : vous pourriez l'encourager à dire à son parent qu'il n'aime pas ça entendre parler des chicanes, etc.). Faites sentir à votre enfant qu'il peut vous en parler chaque fois qu'il le souhaitera. Votre attitude calme et attentive apaisera énormément votre enfant. Il saura qu'il peut vous parler de ce qu'il vit sans provoquer de colère et il se sentira ainsi plus en sécurité.
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